L’ANSSA, quel intérêt et quel bilan ?
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Pourquoi une agence nationale chargée de la sécurité sanitaire des aliments ?
Les maladies d’origine alimentaire sont de plus en plus préoccupantes surtout avec l’émergence de la maladie à Virus Ebola. Elles sont responsables actuellement d’environ 70% du taux de morbidité et de mortalité. L’OMS, après une analyse de la situation, a adopté en 2000, une résolution reconnaissant que la sécurité sanitaire des aliments (SSA) constitue un élément essentiel de la santé publique.
En application de cette résolution et pour faire face aux risques liés à une alimentation malsaine, le Mali a créé par la Loi N°03 – 043 du 30 décembre 2003 l’Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire des Aliments (ANSSA). L’ANSSA est le cadre institutionnel adéquat pour garantir aux populations une alimentation saine, sans danger pour leur santé, tout en favorisant le développement du commerce par le biais de l’autorisation de mise sur le marché des denrées alimentaires, des aliments pour animaux et des additifs alimentaires.
De quelle mission est-elle investie ?
Etablissement Public à caractère scientifique et technologue, l’ANSSA a pour mission :
* (i) d’assurer la coordination de toutes les actions liées à la sécurité sanitaire des aliments ;
* (ii) d’apporter un appui technique et scientifique aux structures nationales de contrôle des aliments et à la réglementation relative à la sécurité sanitaire des aliments d’origine végétale ou animale ;
* (iii) d’évaluer les risques sanitaires que peuvent constituer les aliments ou additifs alimentaires destinés à la consommation humaine ou animale ainsi que les procédés de production, de transformation ou de conservation ;
* (iv) d’appuyer les activités des réseaux épidémiologiques et des systèmes de surveillance des toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) ;
* (v) d’assurer la communication sur les risques liés aux aliments.
Pour assurer ces missions, l’ANSSA dispose surtout de chercheurs à compétences pluridisciplinaires (médecin de santé publique, agronomes, technologues alimentaires, biotechnologues, vétérinaires, microbiologistes, zootechniciens, hygiénistes, etc.).
Quel bilan et acquis après plus d’une décennie ?
Pour réduire les risques liés aux aliments, l’ANSSA a bénéficié du soutien du Gouvernement du Mali à travers les ministères : de la santé et de l’hygiène publique, de l’agriculture, du commerce, de l’élevage, de la sécurité et du développement industriel. Par ailleurs l’agence bénéficie de l’accompagnement de ses partenaires techniques et financiers, dont l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO),l’Agence Luxembourgeoise pour la Coopération au Développement et parfois de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) , le Fonds d’Appui au Développement des Normes et du Commerce et l’Organisation Mondiale du Commerce (FANDC/OMC), l’Union Economique Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union Africaine, de la société civile, des consommateurs, des industries agroalimentaires, , des institutions de formation, de recherche et des laboratoires, du partenariat sud - sud et nord - sud.
Des principaux résultats phares obtenus en 10 ans et plus sont entre autres :
* L’existence et la mise en œuvre d’un document de politique nationale de sécurité sanitaire des aliments.
* La création de la Première Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire des Aliments dans l’espace CEDEAO et de l’Afrique francophone. L’ANSSA dispose également d’un Comité National du Codex (17 sous-comités Codex prioritaires) pour assurer une participation de qualité aux sessions du Codex Alimentarius au niveau sous régional et international.
* Le Mali a élaboré plusieurs normes dont le projet de Norme Régionale sur le beurre de karité adopté par la Commission du Codex Alimentarius en juillet 2017.
* la création de la Commission Nationale des Autorisations de Mise sur le Marché (CNAMM) en 2006 qui a permis de règlementer et de gérer les risques sanitaires des aliments.
* La commission a examiné 589 dossiers (provenant de 110 entreprises agroalimentaires nationales et internationales) sur lesquels 395 produits ont été autorisés par le ministre en charge de la santé.
Dans le domaine de l’évaluation des risques sanitaires des aliments, plusieurs travaux de recherche ont été réalisés portant sur la plupart des aliments de grande consommation. Il s’agit notamment : de la viande, du poulet, du poisson, du pain, du lait en poudre, des céréales (riz, sorgho, mil), des légumes, des cubes alimentaires, de l’eau en sachet, de la pomme de terre, des œufs, de la pâte d’arachide et arachide entre autres. Elles ont concerné les principales régions du pays. Ces travaux ont fait l’objet de publications dans des revues scientifiques internationales, sous régionales et nationales.
L’audit des unités a concerné 121 unités agroindustrielles, (dont 33 huileries et 13 magasins et entrepôts) entre 2005 et 2017.
En termes de communication sur les risques : un nouveau plan de communication a été élaboré ainsi que la conception de spots et boites à images en 2017, en vue d’une meilleure sensibilisation des consommateurs sur les risques liés à la consommation des aliments non autorisés et les toxi-infections alimentaires et collectives (TIAC).
Quelles perspectives ?
Pour le renforcement des ressources financières, l’ANSSA a élaboré un projet de décret relatif à l’instauration d’une redevance de sécurité sanitaire des aliments sur les produits agroalimentaires à l’importation. L’ANSSA entend couvrir tout le territoire national à travers la déconcentration des activités au niveau régional, notamment dans les régions de Sikasso, Kayes, Ségou, Mopti, Gao, Tombouctou et Kidal qui constituent d’importantes portes d’entrées des aliments mal sains dans le pays. Elle envisage également de renforcer le partenariat avec le Maroc et la France dans certains domaines prioritaires (recherche et laboratoire). A cet effet, la construction du siège de l’ANSSA qui sera doté d’un laboratoire de recherche de haut niveau est prévue.